Photo credit: ZVG Patrick Bardelli / Galaxus
Interview avec Yvonne Forster, nutritionniste et technologue en denrées alimentaires
L'entreprise SPONSER est bien ancrée sur le marché de la protéine, des hydrates de carbone et autres aliments fonctionnels. Interview avec Yvonne Forster, nutritionniste et technologue en denrées alimentaires, responsable chez SPONSER du développement des produits et de l'assurance qualité.
Le net regorge de termes sur la nutrition sportive. On parle de compléments alimentaires, de nutrition sportive ou encore de suppléments. Qu'est-ce qui fait quoi ?
Tout est une question d'application ou de finalité. Pour les suppléments, ce n'est pas aussi clairement défini. De mon point de vue, un shake protéiné peut être un complément tout comme un comprimé de magnésium.
Que dit la législation à ce sujet ?
La loi sur l'alimentation définit clairement les compléments alimentaires. Et puis il existe aussi des aliments complémentaires. Le supplément protéique appartient au domaine des aliments complémentaires, soit un élément utile à l'alimentation quotidienne. Chez Sponser, nous ne prétendons pas que vous deviez consommer nos produits, bien au contraire. Nous considérons nos produits comme un complément à une alimentation saine et équilibrée. Mais lors d'une randonnée en montagne, je ne veux pas avoir à porter un sac à dos lourd. J'embarque donc des barres par exemple. Et après, je me fais plaisir en m'offrant un milk-shake qui aide mes muscles à récupérer.
Ces poudres et pilules ne sont-elles pas plutôt destinées aux professionnels ?
Au départ, si. Mais il y a un mais. Les professionnels ont généralement beaucoup de temps pour récupérer. Cela fait aussi partie de la profession de prendre soin de son corps, de l'entretenir. Par conséquent, ils attachent également une grande importance à une alimentation répondant à leurs besoins, souvent préparée avec des ingrédients frais. Beaucoup d'entre nous n'ont pas ce privilège. Nous pratiquons des sports dits de santé et intégrons notre entraînement à notre travail quotidien. La récupération et l'apport des nutriments nécessaires ne font pas l'objet d'une attention suffisante. Une contradiction. Ces produits ont plus de sens, à bien des égards, aux yeux des non-professionnels qu'à ceux des athlètes.
Le marché du fitness est en plein essor. Les détaillants veulent également une part de ce gâteau. Comment, chez Sponser, voyez-vous cette évolution ?
On constate que la tendance à la nutrition sportive a atteint la population. Et une chose est sûre, pour nous, il y a quelques concurrents de plus sur le marché. Depuis une douzaine d'années, nous proposons des boissons protéinées prêtes à l'emploi. À l'époque, nous étions seuls sur ce créneau. Aujourd'hui, pratiquement tous les producteurs de lait proposent également un supplément de protéines. Les produits conquièrent de plus en plus le grand public.
Quelle direction le secteur prend-il, y a-t-il un prochain grand projet à l'horizon ?
En général, tout ce qui va dans le sens de la commodité : bars, comprimés effervescents, boissons prêtes à l'emploi, etc. Et des produits encore plus individualisés qu'aujourd'hui.
Comment cela ?
Le tout s'inscrit dans le contexte de concepts nutritionnels personnalisés. La génétique ou le microbiote, c'est-à-dire les bactéries intestinales, jouent alors un rôle décisif.
Avez-vous un exemple précis ?
Nous testons actuellement une préparation de caféine. Nous proposons à cet effet une analyse génétique sur la base de laquelle il est possible de recommander un produit spécifique. Il s'agit de l'interaction entre la science et la recommandation de produits. La prochaine tendance sera donc celle des concepts visant une plus grande personnalisation.
Où allez-vous chercher le savoir-faire nécessaire ?
Concernant la génétique pharmaceutique, nous sommes en contact régulier avec un médecin et les experts de la SSNS, la Swiss Sports Nutrition Society. Nous recourrons à des réseaux différents.
Comment créer un nouveau produit, de l'idée à la recette ?
Les contributions proviennent généralement de différents côtés. Par exemple, des athlètes qui veulent faire développer un produit. Souvent, ce sont les fabricants de matières premières qui viennent nous voir, par exemple, avec des matières premières qui contribuent à la santé des articulations et appuyées par des études scientifiques. Une fois que ces matières premières ont fait l'objet de recherches cliniques, les fabricants veulent naturellement les vendre. Mais les employés apportent également des idées pour de nouveaux produits. Ces dernières, formulées en interne, donnent lieu à des recherches de matières premières appropriées et une évaluation du potentiel de marché.
Combien de temps dure ce processus ?
Cela dépend vraiment. De deux mois à plusieurs années, j'ai tout vu.
Vos produits ne sont pas sans controverse. Certains experts, comme Manfred Donike, ancien directeur de l'Institut de biochimie de Cologne, décédé entre-temps, remettent en question leurs effets : « Les compléments alimentaires ne produisent rien d'autre que de l'urine coûteuse. Ils sont tout à fait inutiles. » Qu'avez-vous à répondre à cela ?
Alors, on peut facilement faire du jogging pendant deux heures sans rien manger. Mais je dirais simplement que l'on récupère mieux de l'effort et se sent moins épuisé en consommant une préparation adéquate pendant la course. Et peut-être que pendant ces deux heures, on est un peu plus rapide. Donc, il y a un réel effet.
Pour la créatine, par exemple, nous savons qu'il y a ce qu'on appelle des répondeurs et des non-répondeurs. Il en va de même pour la caféine. Si vous faites partie de la catégorie répondeurs, vous en ressentirez les effets, mais pas si vous faites partie des non-répondeurs. Si je n'étais pas convaincue des avantages de nos produits, je ne travaillerais pas ici.
Où s'arrête la supplémentation, où commence le dopage ?
Les règles sont très claires. Pour nous, la question ne se pose pas. Pour la simple et bonne raison que nous n'en avons pas. Le CBD en fait partie. Je n'en utilise pas. Et il n'existe aucun produit contenant des protéines de chanvre chez nous. Nous investissons beaucoup d'argent pour nous procurer des matières premières propres afin de garantir des produits exempts de dopage. Nous ne mettrons certainement pas cette réputation en péril.
Sponser, en qualité de fabricant suisse de produits alimentaires certifié FSSC 22000, n'utilise que des matières premières provenant de fournisseurs répondant à des normes ISO et détenteurs de certificats GFSI. Toutes les matières premières sont documentées dans des accords de qualité et accompagnées d'un certificat d'analyse, ce qui permet une traçabilité complète. Sise à Wollerau SZ, l'entreprise est également soumise aux normes de contrôle élevées des autorités sanitaires suisses.
Auteur : Patrick Bardelli, rédacteur sénior en chef chez Galaxus Zurich
Traduction : Jean-François Arnaud
Première publication en octobre 2020 sur www.galaxus.ch -> Sports -> Nutrition Sportive